« La scène la plus célèbre est celle dite de la cuisine où les truands tartinent des sandwichs tout en parlant de pomme, de betterave, de Polonaise, de petit déjeuner, de vitriol. Une scène qui a disparu du scénario au moment du tournage. Audiard, l’estimant trop outrancière et craignant qu’elle ne ralentisse l’action, l’a supprimée. Lautner a tôt fait de la remettre.Contrairement à une légende tenace, aucun acteur n’y avale de boisson alcoolisée … à une exception près – et aucun n’invente la moindre réplique. Tous sont de trop grands professionnels pour verser dans une telle facilité. De plus, ils ont le respect du texte d’Audiard et il n’entre pas dans leurs intentions d’en changer la moindre virgule.
Le décor est exigu. Il s’agit d’une vraie cuisine dans un vrai pavillon de banlieue. Tellement étroite que Lautner manque de place pour installer sa caméra. Trois jours sont nécessaires pour mettre la scène en boite, trois jours de folie et de délire durant lesquels les comédiens miment l’ivresse.
Seule petite tricherie : les larmes de Jean Lefebvre. Bien qu’une partie de son succès soit
basé sur son air de cocker battu, il ne parvient pas à faire fonctionner ses grandes lacrymales sur commande. A son insu, l’équipe lui fait boire un
mélange explosif à base de cognac, de vodka et de poivre. Les larmes à l’écran sont authentiques ! » Philippe Durant : Bernard Blier, itinéraire.»